August 5, 2022
Terre des pionniers, des chercheurs d'or, et des entrepreneurs, la Silicon Valley ne cesse de se réinventer. Une agilité toujours plus nécessaire alors que la pandémie de covid-19 a fait caler un écosystème qui semblait insubmersible. Imaginez plutôt : dix ans de croissance ininterrompue, 29 000 emplois créés en un an, 41 milliards de dollars investis en capital-risque, 18 000 brevets déposés et 44 nouvelles licornes créées selon le rapport « State of the Valley 2020 » du cercle de réflexion Joint Venture Silicon Valley.
Ici, comme partout ailleurs, le Sars-Cov-2 est responsable d'une crise plus violente que celles de 2001 et de 2008. Pourtant, il n'y a ni panique, ni défaitisme. Paraphraser Jigorō Kanō prend alors tout son sens : ce qui compte n'est pas le nombre de fois où l'on tombe, mais celui où l'on se relève. Et ça, la Silicon Valley sait très bien le faire.
La semaine qui a suivi le confinement a surtout été consacrée à la préservation des équipes, puis à celles des opérations. Contrairement au reste des États-Unis, les licenciements ont été parcimonieux parmi les talents du développement logiciel et de l’intelligence artificielle. État pionnier doté d'une mentalité très différente de celle de l'État fédéral, la Californie a été proactive avec des mesures de confinement décrétées très tôt. Les grandes entreprises avaient annulé tous leurs grands événements en avance : il fallait préserver les équipes et réagir rapidement.
Néanmoins, la fracture entre le monde de la tech' et le reste de la société s'est accentuée, et les licenciements furent massifs, notamment dans les secteurs traditionnels. Les files d'attente se sont allongées devant les banques alimentaires, et dans la Silicon Valley, c'est 1 personne sur 4 qui risque de ne pas manger à sa faim. Et les grands noms souffrent aussi. Ainsi, AirBnB a licencié 25% de son effectif.
Alors que la Silicon Valley cherchait ses repères, les géants de la tech' ont tracé leur sillon : Facebook a déboursé 400 millions de dollars pour acheter Giphy et développe son fonds de capital-risque. Apple a acheté au moins quatre entreprises et a lancé un nouvel iPhone. Microsoft a racheté trois entreprises de cloud computing. Amazon a loué plus d'avions que jamais pour ses livraisons et a embauché 175 000 personnes supplémentaires depuis mars. La terre continue donc de tourner pour les GAFAM qui posent les bases d'un avenir où elles seront plus grandes et plus puissantes que jamais.
Pourtant, elles ne font rien d'inhabituel. Elles appliquent uniquement les recettes que toutes les entreprises devraient elles-mêmes appliquer : c'est en temps de crise qu'il faut accélérer les innovations et les investissements. Un mantra confirmé par Mark Zuckerberg qui affirmait le mois dernier :
« j'ai toujours pensé qu'en période de ralentissement économique, la bonne chose à faire est de continuer à investir dans la construction de l'avenir. Quand le monde change rapidement, les gens ont de nouveaux besoins, et cela signifie qu'il y a plus de choses nouvelles à construire. »
Il est vrai que, lorsqu'on en a les moyens, les périodes de crise constituent de bons moments pour entreprendre : il y a moins de concurrence pour obtenir des ressources pertinentes (financement et recrutement des talents), et les changements font apparaître de nouveaux besoins et donc… de nouveaux marchés. C'est ainsi qu'Uber Eats (livraison de repas) a vu son activité doubler. Ont aussi été lancés Uber Connect, pour des livraisons entre particuliers, et Uber Direct, pour les commerçants. Les entreprises les plus agiles sont donc celles qui peuvent passer de la défense à l’attaque rapidement. C'est le cas d'Open Table, l'application permettant de réserver une table dans un restaurant. Ces derniers étant fermés pendant le confinement, l'application s'est mise au service des supermarchés pour aider leurs clients à réserver un créneau horaire pour faire leurs courses.
Les VC n'ont pas reculé, même s'ils ont eu tendance à se recentrer sur leur portfolio, tout en accompagnant les projets adaptés à l'économie post-covid. En libérant les idées nouvelles, en concentrant les ressources, et en limitant toute résistance interne, le confinement a transcendé l'innovation. De quoi faire la différence entre l'innovation réflexe, pour pivoter vite, et l'innovation profonde, pour aller chercher plus loin les besoins futurs des marchés.
En trois mois de crise, nous avons assisté à de nombreuses reflex innovations par les entreprises de la Silicon Valley. C'est à présent le temps d'inventer ce que les citoyens, les entreprises et la planète ont besoin pour connecter les personnes, s'inspirer et agir de façon positive. Quelque chose qui pourrait constituer votre future deep innovation, peut-être ?